2018, nouvelle année noire pour la châtaigne corse

Cette année encore, l'un des fleurons de l'agriculture corse subit de plein fouet les assauts du cynips. L'insecte continue de faire des ravages dans toutes les régions de l'île malgré l'introduction du torymus, on estime que 80% de la récolte est perdue.

Les châtaignes © Radio France - Erika Vachon



Cette année encore la récolte de châtaigne sera très maigre et la farine rare.

« Globalement c’est une très très mauvaise année», déplore Pasquin Flori, président du groupement régional des producteurs et des transformateurs de châtaignes. « Toutes les zones sont touchées, toutes les régions oscillent entre moins 70% et moins 90%, voire des cas extrêmes avec 100% de perte de récolte »

>>> Ecouter l’interview de Pasquin Flori, président du groupement régional des producteurs et des transformateurs de châtaignes

L'insularité, un facteur aggravant

A l'époque des premiers lâchers de torymus, en 2010, les spécialistes de l'INRA estimaient qu'il faudrait entre cinq et huit ans pour que ce prédateur l'emporte sur le cynips. Mais c'était avant le pic d'infestation, avant 2014, et en 2018, la châtaigneraie est encore en phase d'infestation intense. Principale raison de ce retard: l'insularité.

Si sur le continent, les castanéiculteurs ont profité de la migration naturelle des torymus qui se sont propagés de vergers en vergers, ce n’est pas le cas en Corse.

Le cynips est encore très présent dans la chataigneraie corse - www.farinedechataignecorse.org

« L’insularité joue ! », explique Carine Franchi, animatrice de la filière castanéicole. « Lorsque le cynips est arrivé en 2010 il est allé très très vite, l’île est ainsi faite, le milieu est fermé donc l’infestation s’est multipliée beaucoup plus vite que sur le continent. »

>>> Ecouter l’interview de Carine Franchi, animatrice de la filière castanéicole

En Corse, les torymus introduits, isolés par la mer, ne peuvent compter que sur eux même pour combattre l’ennemi. Là où en Ardèche on compte une centaine de larves sur un arbre, il n'y en a qu'une soixantaine dans l’île.


80% de perte et des fraudes

Conséquences, les châtaigniers sont toujours fatigués, victimes du cynips, du chancre, de la gale et de la météo et donc incapables de fournir des fruits. Cette année encore, on estime la perte à 80%, faisant de la « farina castagnina » une denrée rare, et donc très chère. C'est pourquoi la tentation de frauder est grande.

La farine de châtaigne sera encore rare cette année - www.gustidicorsica.com


« On a un cas en Balagne, une société soi-disant basée à Calenzana mais qui en fait n’existe pas », raconte Jean-Yves Acquaviva, président de l’AOP « farina castagnina corsa ». « _Il faut que les gens se méfient_. Quand on voit le cahier des charges que nous devons remplir pour avoir l’AOP, ces farines frauduleuses c’est même du vol au niveau du prix car évidemment ça ne correspond pas à ce qu’il y a dans le sachet.»

La répression des fraudes et l'INAO ont été alertés sur l'existence de cette société soupçonnée d'importer de la farine pour la revendre sous l'appellation farine corse.

On estime que 80% de la récolte 2018 de châtaignes est perdue - www.farinedechataignecorse.org



L'appellation, dernier rempart à la fraude

Pour être sûr d’acheter de la véritable farine de châtaigne corse, il n’y a pas trente-six solutions explique Pasquin Flori. « Quand vous achetez de la farine, si dessus il y a écrit farine de châtaigne corse, il y a forcément et obligatoirement un macaron AOP attribué par le syndicat, si ce macaron n’y est pas c’est de la fraude. »

SOURCE : www.francebleu.fr

- Par , , France Bleu RCFM



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